La directrice d’une école de Floride a été contrainte de démissionner après avoir montré la sculpture du maître de la Renaissance à ses élèves, sans avoir prévenu les parents.
Lundi 20 mars, Hope Carrasquilla, enseignante et directrice d’une école à Tallahassee en Floride, a été contrainte de démissionner après avoir montré à ses élèves de 11 et 12 ans une photo du célèbre « David » de Michel-Ange. A la suite de ce cours sur la Renaissance, trois parents d’élèves se sont plaints auprès de la direction de l’établissement, expliquant que leurs enfants auraient été choqués par une sculpture qu’ils qualifient de « pornographique ».
Selon la présidence du conseil des parents d’élèves, les parents n’ont pas été informés en amont comme le prévoit la procédure. Le règlement de l’école indique que pour que ce type d’œuvre soit présenté aux élèves, une lettre doit être préalablement envoyée aux parents. Non transmise dans ce cas, et même si la quasi-totalité des élèves étaient satisfaits du cours, l’établissement a reçu une plainte. Il convient de préciser que la Tallahassee Classical fonctionne presque entièrement indépendamment du district scolaire local. L’école suit un programme conçu par Hillsdale College, une école chrétienne conservatrice du Michigan. Tout en reconnaissant l’importance et la beauté esthétique de l’œuvre, emblème de la Renaissance italienne, Barney Bishop, président du conseil des parents d’élèves, a expliqué que le concept des droits parentaux, suprême en Floride et soutenu par le gouverneur républicain Ron DeSantis, prévalait.
La directrice et enseignante, Hope Carrasquilla, a donc été contrainte de démissionner. « Cela m’attriste que ma mission ici ait dû se terminer ainsi mais je dois me reconnaître une certaine culpabilité », a-t-elle confié au HuffPost. Interrogé par Slate et CNN sur cette prise de décision, M. Bishop a confirmé que « c’était un problème, parmi bien d’autres » et qu’il n’était nullement question d’interdire cette image.
A Florence, les réactions se multiplientDe l’autre côté de l’Atlantique, en Italie, la levée de boucliers ne s’est pas fait attendre. Cecilie Hollberg, historienne allemande et directrice de la Galleria dell’Accademia abritant le « David », a déploré lundi 27 mars « l’esprit tordu » d’« ignorants » dans un entretien à l’AFP. « Ceux qui sont dérangés (par la nudité de David) ont un sérieux problème avec les racines de la culture occidentale. C’est justement la nudité qui est le symbole de sa pureté », tranche-t-elle. Elle dénonce en outre « un puritanisme déplacé », jugeant cette affaire « assez grave » parce qu’elle révèle que « nous perdons le lien avec notre culture et avec l’Histoire ».
Le maire de Florence, Dario Nardella, a, lui, invité Hope Carrasquilla à Florence pour lui témoigner la « reconnaissance » de la ville. Et d’ajouter : « L’art et la civilisation et ceux qui les enseignent méritent le respect. »
Emblème de la Renaissance italienne, le « David » sculpté par Michel-Ange Buonarroti entre 1501 et 1504 dans un unique bloc de marbre de Carrare représente le héros biblique au moment où il s’apprête à affronter le géant Goliath avec sa fronde. Cette statue est souvent considérée comme l’idéal de la beauté masculine.